13 décembre 2021 FACE Sud Provence

INTERVIEW DE ANNE-CLAUDE AIME – PRINCIPALE DU COLLÈGE AUGUSTE RENOIR

Nous avons rencontré Anne-Claude Aime, la principale du collège Auguste Renoir avec qui FACE Sud Provence réalise des actions Éducation tel que Discovery avec Synlab Provence ou du Mentorat. Elle nous parle de ces actions, de ce qu’elles peuvent apporter aux collégiens et de son point de vue quant à ce partenariat avec FACE Sud Provence.

Bonjour, pouvez-vous vous présenter ? Quelle est votre fonction, votre parcours ?
Bonjour, je suis Anne-Claude Aime, principale du collège Auguste Renoir. C’est un collège situé à Marseille en REP +, c’est-à-dire en réseau d’éducation prioritaire plus. Auparavant j’ai été quatre ans proviseur adjointe au lycée professionnel Le Chatelier, trois ans principale adjointe dans un collège à Roquevaire, directrice d’école au cours Julien à Marseille, professeur d’école également… Et avant tout ça, j’ai travaillé pendant une bonne dizaine d’année dans l’éducation prioritaire au premier degré. Donc essentiellement dans des établissements d’éducation prioritaire en tant qu’enseignante et même en tant que personnel de direction.

Quelles actions sont mises en place dans votre collège avec FACE Sud Provence ?
Notre partenariat avec FACE Sud Provence est lié à la cité éducative. C’est un projet qui avait été présenté dans le cadre de la cité éducative et qui a été validé par l’ensemble des membres, c’est-à-dire la métropole, la préfecture, l’éducation nationale… De mon côté, je ne connaissais pas FACE Sud Provence, le partenariat a été imaginé avant que je ne sois dans la boucle. Le projet, Discovery avec Synlab Provence, devait démarrer l’année dernière au mois de septembre mais on a eu une rentrée très compliquée avec le COVID. Du coup, Clarisse, la responsable du pôle éducation chez FACE Sud Provence, m’a appelée mais je n’avais pas malheureusement pas de temps à lui consacrer. Il fallait donc trouver un professeur qui soit partenaire du projet, ce qui n’a pas été facile. Une fois qu’on a trouvé le professeur, nous avons pu démarrer. Le projet Discovery a concerné une classe de 4ème et ça s’est très très bien passé. Ce qui s’est très bien passé c’est notamment l’échange entre les élèves et les salariés de Synlab Provence qui sont venus au sein de l’établissement. C’est à dire qu’il y a eu un échange très riche. Le suivi a été géré d’une main de maitre par Circé, chargé d’animation à FACE Sud Provence : beaucoup de rigueur, beaucoup de sérieux, ce qui a permis une belle réussite de ce projet. En plus, Synlab Provence a fait un film pour communiquer sur l’action que j’ai pu découvrir la semaine dernière et qui est vraiment super.

Et cette année, en plus de Discovery, il y a le projet Mentorat qui vient de commencer n’est-ce pas ?
Alors ça, ça a commencé lorsque Christine, la directrice de FACE Sud Provence, est venue au collège avec Circé à l’occasion d’une séance de Discovery. De mon côté, j’avais fait une réunion où nous avions identifié les besoins des jeunes sur le territoire, et, fort de ce que je savais sur les élèves issus de l’éducation prioritaire, j’ai demandé à Christine si FACE Sud Provence pouvait éventuellement faire une action de Mentorat. Elle a accepté ma proposition. Nous avons donc présenté le projet à la cité éducative et les quatre institutions membres ont accepté le projet qui concerne quarante élèves du territoire sur deux collèges, mentorés par des chefs d’entreprises ou des salariés du privé sur plusieurs années. Des études assez précises montrent que quand des élèves issus de l’éducation prioritaire sont mentorés, leur réussite est meilleure car ce qui fait souvent défaut dans les familles, c’est la connaissance du système, qui devient notamment de plus en plus compliqué avec la réforme du Bac, Parcours Sup, etc… Ainsi, avoir quelqu’un qui va faire connaitre, faire découvrir aux élèves des filières auquel ils n’auraient pas pensé, c’est vraiment une chance de réussite supplémentaire.

Pourquoi avoir décidé de participer à ces actions plutôt qu’à d’autres, notamment à des actions de prévention qu’on peut voir dans d’autres collèges ?
Alors, en ce qui concerne le Mentorat, c’est totalement un bonus. Par contre, Discovery se situe sur le temps scolaire. Mais ce n’est pas du temps perdu, je pense qu’ils travaillent au travers de projet de ce type, des compétences scolaires notamment. Pour moi, en ce qui concerne les actions de prévention, quand on fait une séance sure « Il ne faut pas fumer, il faut bien traverser la route… » ça n’a pas vraiment de sens, c’est trop ponctuel. Pour un élève de 13 ans, ça rentre par une oreille, ça sort par l’autre. Je pense que ce qui compte si l’on veut faire de la prévention, c’est de la faire au quotidien, c’est plutôt de développer des compétences psycho-sociale, de développer le rapport à l’autre justement au travers d’actions comme Discovery, c’est de cette manière qu’il y aura de la prévention, plus qu’avec un discours uniquement ascendant. Après, ces paroles n’engagent que moi mais c’est mon point de vue.

Quels sont les points forts ou les moment clés de Discovery avec Synlab Provence d’après vous ?
Je pense que le professeur qui a participé à tous les ateliers de l’action serait un peu plus à même de répondre mais en tout cas, de mon point de vue, la visite de l’entreprise Synlab Provence était un moment clé parce qu’on a été accueilli dans leurs locaux et qu’on a pu les découvrir. Même pour moi qui les ai accompagnés, c’était la première fois également que je rentrai dans un laboratoire d’analyse. C’est un monde que j’ai découvert à cette occasion. C’était déjà très intéressant pour moi, et j’imagine donc encore plus pour les élèves. Je pense également à la journée de remise des diplômes, qui, à mon avis, a été un moment assez fort, un moment clé de l’action.

Avez-vous des retours des jeunes sur leur participation à Discovery avec Synlab Provence ?
J’ai eu des retours un peu au fil de l’eau. On a des retours de l’année dernière que l’on peut voir dans le film et qui sont positifs. Je pense que les élèves étaient satisfaits. Il me semble que sur ce genre d’action, il serait intéressant de suivre la cohorte et de voir ce que ça leur a apporté dans trois ou quatre ans. De mon côté, j’ai des retours positifs. Si le COVID nous le permet, nous voudrions d’organiser un événement avec les familles et les élèves afin de faire une projection du film. On pourra à cette occasion avoir un retour avec un peu de recul, ça sera surement intéressant.

Qu’est-ce qui vous a poussé à collaborer avec FACE Sud Provence en particulier ?
Au premier abord, je ne connaissais absolument pas FACE Sud Provence. C’est une association qui travaillait déjà avec la préfète à l’égalité des chances, et c’est par ce biais là que je l’ai connu, dans le cadre des cités éducatives. Mais maintenant que je les connais, si je peux même faire d’autres projets avec eux je le ferai. Je trouve que Clarisse et Circé sont des personnes qui ont de très grandes compétences et qui sont d’une très grande fiabilité, et j’aime aussi leur façon de réfléchir, leur façon d’aborder les actions. Quant à Christine, je suis complétement en adéquation avec son état d’esprit, son positionnement, ses valeurs. De plus, je pense qu’on est complémentaire dans le sens où une association comme FACE Sud Provence peut apporter des chefs d’entreprises, des partenariats avec des entreprises que moi je ne peux pas avoir de mon côté car je n’ai clairement pas le temps et ce n’est pas mon cœur de métier. C’est grâce à ce travail de partenariat qu’on peut penser l’école un peu différemment et faire en sorte que les élèves s’y sentent bien. Pour moi, à travers ces projets-là, il y a des raccords à d’autres personnes, un dynamisme différent, ce qui peut leur apporter autre chose, peut-être d’autres désirs professionnels par exemple, d’autres aspirations… Durant la première séance du Mentorat, j’ai vu les élèves, j’ai vu leur regard. Même sans parler avec eux, j’ai vu le plaisir qu’ils prenaient. Et puis certains me l’ont même dit. Il y a une élève qui ne voulait pas rester au début, et puis finalement elle m’a dit « oui, vous aviez raison, c’était super », parce que, les élèves, quand vous leur proposez de rester plus longtemps en cours, ils vont toujours vous dire non parce qu’on est dans une société avec un rapport au travail particulier, mais quand on voit que, finalement, ils vous disent que vous aviez raison, c’est pas mal quand même.

On arrive à la dernière question, comment imaginez-vous la suite avec FACE Sud Provence ?
J’espère que le Mentorat pourra continuer pour d’autres élèves l’année prochaine. La cité éducative est vouée à s’arrêter mais j’espère qu’on trouvera d’autres financements et partenariats, pourquoi pas le département… J’espère qu’on pourra vraiment faire perdurer ce genre d’action. De même pour Discovery avec Synlab Provence. Après, est-ce qu’il peut y avoir d’autres partenariats ? C’est à voir avec eux, mais oui, je suis pour qu’on développe des actions, ça c’est sûr. Ce qui me semble essentiel, en tout cas dans les valeurs partagées, c’est qu’on a le même point de vue, c’est-à-dire que les élèves, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, ce sont les mêmes élèves. Il faut que l’on parte de ce postulat-là. Je crois que FACE Sud Provence et les responsables d’entreprises qui participent aux actions sont parfaitement en accord avec moi sur le sujet. Mais on lutte tout le temps contre ces préjugés, et c’est plus facile de lutter à deux que tout seul. C’est pour ça que je suis heureuse de ce partenariat, parce que je trouve que c’est bien pour les élèves, mais même humainement et personnellement, je le trouve riche par rapport à ça.

Très bien, et merci beaucoup pour vos réponses !

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