Sous un soleil radieux mais en plein vent, une jolie photo de famille !
Au Centre pénitentiaire de Marseille, organisé par Face Sud Provence, avait lieu, le 17 janvier 2018, le Forum Entreprises MISS’ION POSSIBLE destiné à accompagner des femmes sous main de justice, en vue de leur réinsertion.
L’accompagnement de ces femmes sous main de justice se déroule en 3 étapes et découle d’une convention triennale signée en octobre 2017 (2017-2020) entre FACE Sud Provence et la société Crédit Immobilier de France Développement (CIFD), co-financeur de ladite convention avec l’AG2R La Mondiale PACA Corse.
L’objectif de la convention est d’accompagner 17 femmes détenues, en fin de peine, pour les aider et les préparer à leur sortie prochaine.
Un accompagnement en 3 temps
La première étape de MISS’ION POSSIBLE était celle du coaching via des ateliers collectifs (Théâtre, Estime de soi) animés par des professionnels et des séances de travail destinées à les préparer au marché de l’emploi, aux métiers et aux techniques visant à savoir se présenter à un futur employeur et à retrouver confiance en soi.
Au cours de la deuxième étape, place au parrainage pour les femmes sélectionnées autour des binômes marraines et parrains, tous cadres dirigeants salariés de l’Agefos PME, Accor , Carrefour Market, Conseil Plus Gestion, Santi et Associés, etc.
Enfin, place au Forum Entreprises. Les femmes poursuivent les échanges avec leurs parrains-marraines respectif.ve.s et ont l’occasion de rencontrer les entreprises et l’ensemble des partenaires ayant répondu présents.
C’est dans ce cadre que s’est déroulé, mercredi 17 janvier, le Forum Entreprises MISS’ION POSSIBLE aux Baumettes, à Marseille. En présence, notamment, de Mme Fabienne Hoffmeyer, pour la Direccte, de M. Claude De Changy, au nom du CIFD, et l’AG2R La Mondiale, financeurs du projet.
Les 20 premières femmes libérables prochainement (délai de 1 à 12 mois) ont eu l’occasion de pouvoir rencontrer et échanger avec la dizaine d’entreprises et/ou structures d’accompagnement présentes : Accor Hotels, Carrefour Market, AG2R La Mondiale, Croix Rouge Insertion, Lemon’Aide, le dirigeant d’une entreprise de services d’aide à domicile, Médiance 13, Acta Vista et APCARS.
Cet après-midi d’échanges conviviaux et fructueux pour l’ensemble des participant.e.s a permis de transformer ce forum entreprises de MIss’ion Possible en Mission parfaitement accomplie !
AG2R La Mondiale, co-financeur, était aussi à l’oeuvre lors du Forum Entreprises avec Josiane Jovine
Comme l’objectif de ce Forum était de mettre l’accent sur les intéressé.ée.s, découvrez leurs témoignages respectifs.
Parole de parrain…
Nous avons souhaité interviewer l’un des parrains de Miss’ion Possible, Régis Koch, directeur d’un hôtel du groupe ACCOR HOTELS à Marseille.
“Personnellement, j’ai vraiment envie de savoir ce que les gens ont à l’intérieur du cœur”
FSP : Bonjour M. Koch. Pourquoi avoir voulu vous investir en tant que parrain dans le projet Miss’Ion Possible ?
Régis Koch : La question de l’exclusion est une cause qui m’intéresse depuis très longtemps. Et aussi tout ce qui à trait à l’emploi. Les femmes qui purgent leur peine, ici, n’ont pas forcément de contacts avec l’extérieur. Cependant, elles ont besoin d’un lien avec l’extérieur qui leur permette de (re)trouver des repères, un lien social, de la dignité aussi. J’aime être cette sorte de “trait d’union”. Auparavant, j’avais déjà parrainé un exclu, pour une autre association. Je lui ai permis de retrouver un emploi, de lui remettre le pied à l’étrier. Pour moi, c’est une grande satisfaction. Personnellement, j’ai vraiment envie de savoir ce que les gens ont à l’intérieur du coeur.
FSP : Et votre filleule actuelle ?
R.K. : J’avais déjà rencontré Nass, l’an dernier, lors de ce même forum. Pour moi, ce que je fais aujourd’hui, en la parrainant, est la continuité logique de ma rencontre avec elle, l’an dernier. C’est un approfondissement.
FSP : Vous allez l’aider à retrouver un emploi ?
R.K. : Je vais faire tout mon possible. Surtout, bien entendu, je vais mettre mon réseau à sa disposition.
Echange approfondi entre un parrain investi et une filleule très à l’écoute
…Parole de filleule
En contrepoint de l’interview de son parrain, nous avons aussi questionné Nass, la filleule, l’une des détenues ayant intégré Miss’Ion Possible en novembre 2017.
“C’est aux Baumettes que j’ai appris à avoir confiance en moi”
Nass, 27 ans, est célibataire. Elle est détenue depuis 7 années déjà au Centre pénitentiaire pour femmes, dénommé Baumettes 2. Elle en est à la moitié de sa peine. Et cela ne se voit pas. On pourrait imaginer rencontrer une jeune femme abattue ou amère mais c’est tout le contraire. Elle m’a tout simplement bluffée avec son sourire et son optimisme à tout crin.
En effet, ce qui émane de Nass, dès que je commence à l’interroger, c’est son dynamisme et une énergie positive qui saute aux yeux. Cette femme est une jeune personne réellement sympathique et attachante.
FSP : Que pensez-vous de l’accompagnement Miss’Ion Possible auquel vous avez adhéré il y a 3 mois ?
Nass : Avec Miss’Ion Possible, on se sent moins oubliée. Cet accompagnement me fait du bien et, surtout, il me donne de l’espoir.
Nass me précise qu’elle a rencontré son parrain il y a une dizaine de jours.
FSP : Qui a choisi votre parrain ?
Nass : C’est Emilie * qui l’a choisi pour moi. Avec mon parrain, j’ai vraiment encore plus envie de bien faire.
FSP : Pourriez-vous me dire ce que vous attendez de votre parrain ?
Nass : J’attends de lui qu’il m’oriente vraiment vers ce que je veux faire. J’ai été serveuse pendant 5 ans et j’aime travailler en équipe. Aujourd’hui, je ne veux plus me disperser. Je souhaite trouver ma voie.
Nass est hyper-positive. Elle poursuit : “C’est ici, aux Baumettes, que j’ai appris à avoir confiance en moi. C’est incroyable, non ?
FSP : Nass, quels sont vos projets pour l’avenir ?
Nass : Mon plus grand espoir est d’avoir un emploi stable et que j’aime. Et puis aussi de rester indépendante. Parce que je l’ai toujours été !
FSP : Qu’est-ce que l’accompagnement Miss’ion Possible vous a apporté ?
Nass : Les ateliers de FACE Sud Provence m’ont beaucoup apporté, notamment tout ce qui concerne les entretiens d’embauche. Les conseils que l’on m’a prodigués me sont très utiles. Cela me servira toute ma vie.
En quittant Nass, j’ai senti que j’avais affaire à une femme qui était déjà en train de construire son propre destin. Avec sa détermination et l’appui d’un parrain formidable, non seulement ces deux-là étaient prédestinés à se rencontrer mais, dans mon for intérieur, je suis persuadée qu’elle réussira à transformer sa vie future en une belle réussite. Alors, bonne chance, Nass !
APCARS, la structure d’hébergement vient en aide aux femmes libérées.
Guillaume Pellegrin, de LemonAide-LemonTri, échange avec l’une des détenues.
Nina Miel, directrice pénitentiaire Insertion & Probation à l’établissement Baumettes 2
Nina Miel assure sa fonction à ici depuis octobre 2016. Il s’agit-là de son premier poste. L’établissement pénitentiaire, dédié aux prévenus et aux femmes, dispose de 160 places d’accueil et reçoit des détenues de toutes les régions. 60 places en centre de détention avec des cellules individuelles et environ une centaine de places pour des femmes et les condamnés à de courtes peines de prison, à savoir moins de 2 ans. Madame Miel était déjà présente lors du Forum Emploi de novembre-décembre 2016. A ce moment-là, environ une trentaine de femmes étaient concernées.
“Je suis passionnée par mon métier !”
Interrogée sur la portée de ce Forum en prison, elle nous répond que la responsable du projet de Face Sud Provence, Emilie Guez, en charge de ce dispositif est très investie. Elle poursuit en affirmant : “Cette action est bien engagée avec des résultats déjà bien tangibles”.
Interrogée sur un exemple concret, elle nous répond : “Nous sommes en attente d’une réponse prochaine de Carrefour Market concernant une jeune femme. Pour la Commission qui examine les remises de peine possibles pour nos résidentes, il faut présenter un dossier parfaitement argumenté et documenté. Par conséquent, les projets professionnels sont d’une importance primordiale.”
Nina Miel m’évoque ensuite les projets professionnels, les problèmes d’hébergement à anticiper pour les sorties et aussi la question du bracelet électronique. Elle précise que si, au départ, celui-ci ne pose aucun problème aux femmes récemment libérées, il peut se révéler être un souci à moyen terme en raison des contraintes qu’il impose (horaires et périmètre géographique à respecter). Ce qui peut accroître les risques de récidive…
Market, notre partenaire, était là aussi, avec Sandrine Lapeyre.
Un après-midi d’échanges et de bons conseils.
Les échanges se poursuivent pendant la collation…
(Soledad Dorian pour FACE Sud Provence)
Rendez-vous au prochain Forum Entreprises MISS’ION POSSIBLE fin 2018 !
Encore un grand Merci aux marraines & parrains, aux entreprises, aux partenaires
ainsi qu’aux collaborateurs de FACE Sud Provence présents le 17 janvier !
Pour plus d’informations concernant Miss’ion Possible, vous pouvez contacter Emilie Guez : e.guez@fondationface.org