26 janvier 2018 FACE Sud Provence

En route vers la créativité… au côté des entreprises SAFRAN SNECMA, AIRBUS HELICOPTERS, ENEDIS et VEOLIA

Projet TEKNIK au collège Fernand Léger de Berre l'Etang pour sa 4e édition

Ce mois de janvier aura été l’occasion pour nous de sensibiliser massivement des élèves de la 4ème à la seconde aux métiers de l’industrie dans le cadre du Projet TEKNIK.

Le Collège Fernand Léger de Berre-l’Etang et le Collège Frédéric Mistral de Port-de-Bouc ont été les premiers à réfléchir, par la fabrication de maquettes, aux transports aériens et à l’énergie que nous utiliserons en 2050.

Ces projets seront mis en concurrence devant un jury de professionnels lors du Défi TEKNIK intra établissement, les meilleurs quant à eux, pourront espérer aller jusqu’au Défi National.

Nous vous donnons donc RDV le 5 juin 2018 pour vous annoncer les grands gagnants du Défi TEKNIK.

 

  

 

POUR TEKNIK, ENSEIGNANTES ET COLLEGIENS PRENNENT LA PAROLE

C’est au sein du collège Fernand Léger de Berre l’Etang que nous sommes allés, jeudi 18 janvier, à la rencontre des enseignantes et des élèves qui participent au projet TEKNIK, pour sa 4e édition.

C’est donc tout naturellement que, jeudi dernier, nous avons souhaité donner la parole aux deux professeures du collège Fernand Léger, à Berre l’Etang, MMes Agnès  Rajaonarivony et Cindy Auberger, qui enseignent respectivement la technologie pour la première et l’anglais pour la seconde. Toutes deux à la classe de 3eme 6 et 4eme où elles encadrent les élèves qui participent au projet TEKNIK, à l’instar de Soufiane, délégué de classe des 3eme 6 depuis deux ans déjà. Lui aussi a bien voulu répondre à nos questions.

Le projet TEKNIK entame sa quatrième édition au cours de l‘année scolaire 2017-2018

A cette occasion, nous avons voulu savoir, avec un peu de recul désormais, ce que ces deux enseignantes investies dans le projet TEKNIK pensaient de ce projet, de son incidence sur leurs élèves et aussi de son apport dans leur programme scolaire et la pédagogie qu’elles utilisent dans leurs disciplines respectives.

Ces deux enseignantes pilotent le projet TEKNIK au collège Fernand Léger

MMes Rajaonarivony et Auberger, respectivement enseignantes de Technologie et Anglais pilotent le projet TEKNIK au collège Fernand Léger de Berre l’Etang

FACE SUD PROVENCE : Madame Rajaonarivony, vous êtes professeure au collège Fernand Léger depuis 20 ans à Berre l’Etang et vous êtes en charge des classes de 5e et de 3e pour l’année scolaire 2017-2018. Pourriez-vous nous dire en quoi TEKNIK vous a séduite ?

Agnès RAJAONARIVONY : Avec Mme Tramoni, la principale-adjointe du collège Fernand-Léger, nous avons choisi d’adhérer au projet TEKNIK il y a 2 ans. Nous l’avons découvert par le biais d’un intervenant de Face Sud Provence venu nous présenter ce projet. Nous avons été d’emblée intéressées et avons décidé de réaliser le projet dans nos classes.

FSP : Quel était votre intérêt majeur à le mettre en œuvre au collège ?

A.R. : Depuis l’an dernier, nous travaillons sur les compétences. En accord avec Mme Tramoni, nous avons remarqué que laplupart de ces compétences pouvaient tout à fait être validées dans le cadre de TEKNIK. Raison pour laquelle, j’ai aussitôt accepté dans ma classe de Technologie d’accueillir ce projet.

FSP : Depuis le démarrage de TEKNIK, qu’est-ce que cela vous a apporté dans votre métier d’enseignante de technologie?

A.R. : Ce qui m’intéresse, c’est que les élèves, dans un temps plutôt réduit, parviennent à réaliser un projet via un prototype. Ils ont aussi la possibilité de rencontrer des professionnels externes et d’avoir des échanges intéressants avec eux. En outre, ces professionnels ont insisté sur le fait que les élèves pouvaient passer des diplômes en alternance. C’est donc important parce que souvent les élèves de l’Education nationale manquent d’informations sur les filières des diplômes que l’on peut obtenir par le biais de l’alternance. Ces professionnels sont là pour très bien le leur expliquer.

FSP : Cela permet aux collégiens d’être en prise directe avec le monde de l’entreprise ?

A.R. : Oui, absolument. Ce qui est très intéressant aussi, dans l’objectif général du projet TEKNIK, c’est qu’il change le regard des élèves. Souvent, les carrières technologiques ne les intéressent pas trop au départ mais quand des professionnels d’AIRBUS HELICOPTERS ou d’ENEDIS viennent leur expliquer que leurs secteurs manquent de filles et qu’il y a des débouchés à la clé, cela change la donne, évidemment.
M. Furnon, pour Airbus Helicopters a essayé de susciter des vocations chez nos élèves filles. Surtout, il a précisé qu’il était nécessaire d’avoir un minimum de connaissances en langue anglaise pour pouvoir exercer dans cette filière de l’aéronautique.

FSP : En effet, l’aéronautique est un secteur qui recrute…

A.R. : Exactement. En fait, dans l’Académie Aix-Marseille, nous avons la chance de nous trouver près d’Airbus qui emploie 10 000 personnes. C’est un gros vivier. Les élèves pourraient donc travailler à proximité de chez eux.

FSP : Pourriez-vous me dire, de mémoire, combien d’élèves ont participé à TEKNIK ?

A.R. : En fait, cela fait 3 ans et pas 2. On prend 2 classes par an, d’environ 50 élèves. On peut dire qu’environ 150 élèves ont déjà été sensibilisés au projet TEKNIK.

La première année, la thématique était « Comment se déplacera-t-on dans les airs en 2050 ? ». Cette année, le thème est : « Comment économiser de l’énergie en 2050 ? ».

FSP : Rien ne se perd, tout se recycle donc ? Et comment cela se passe au niveau de l’organisation ?

A.R. : Chaque groupe de travail comprend de 3 à 5 élèves. Chaque groupe doit trouver un nom à son prototype, lui attribuer une taille, des couleurs, expliciter le pourquoi et le comment des matériaux choisis etc. Ensuite, un scénario doit être rédigé pour expliquer les fonctions de l’objet. Pour se faire, ils utilisent des objets du quotidien : des bouteilles d’eau en plastique, des bouchons, du coton, de l’alu, des pailles… et ils réalisent leur prototype.

Ils doivent aussi tenir compte d’un cahier des charges qu’on leur remet en amont.

FSP : TEKNIK, c’est aussi un challenge national ? Vous escomptez le remporter ?

A.R. : A partir de 2017, le brevet a changé. Les élèves sont évalués sur 100 points au moyen d’une prestation de présentation orale d’un projet réalisé au sein du collège. Par conséquent, certaines élèves ont choisi le projet TEKNIK. Nous préparons un examen blanc oral pour le brevet. Un jury se réunit et nous procédons à une sélection. Sur l’année scolaire 2016-2017, il y a donc eu 10 équipes et 10 prototypes. Ceux-ci ont été évalués à travers 2 jurys mis en place. Nous avons sélectionné la meilleure équipe du collège.

Par conséquent, les 3 premières équipes ont reçu des récompenses et la première équipe est allée défier les autres équipes de l’Académie.
A cette occasion, des inspecteurs de l’Education nationale et des cadres responsables de l’industrie les ont évalués.

 Soufiane : “Je pense qu’on peut gagner !”

Nous avons aussi interrogé Soufiane, élève de 3e 6 et délégué de classe au collège. Voici, pour sa part, ce qu’il pense du projet TEKNIK auquel il participe pour la première fois : “Concernant le thème de cette année, mon groupe a choisi une éolienne sous l’eau. Du coup, on l’a nommée “Hydrolienne“. Elle va aller capter l’énergie motrice dans les profondeurs marines. Grâce à des turbines, l’eau des océans sera transformée en électricité qui sera stockée sous l’eau et viendra alimenter tout ce qui se trouvera sur l’eau. Ce sera une énergie renouvelable, durable et… propre !
Parce que la protection de l’environnement, c’est important. Et aussi, je crois que mon groupe peut remporter le défi  !

“Avec TEKNIK, j’ai orienté mon enseignement vers du concret”

FACE SUD PROVENCE : Bonjour Mme Auberger, depuis combien de temps travaillez-vous au collège Fernand Léger ?

C.A. :  Cela fait trois ans que j’enseigne dans ce collège, Auparavant, j’ai exercé pendant cinq ans à Vitrolles. Et cela fait deux ans que j’accompagne le projet TEKNIK.

FSP : Quel est votre sentiment par rapport à ce projet ? Avec le recul, qu’en pensez-vous ?

C.A. :  C’est un projet que je n’ai pas initié car je suis professeur d’anglais. Cependant, étant donné l’intérêt des élèves, l’année dernière, et le travail que nous avons pu construire autour, parce que nous avons travaillé en anglais, en amont et aussi en aval du projet, à partir de leur maquette qu’ils sont en train de créer, finalement, je me suis rendu compte que c’était quelque chose de concret pour eux.

Je m’explique : le fait de manipuler et de travailler sur quelque chose comme les énergies renouvelables, les aide à se projeter plus facilement. En anglais, ça m’a aussi permis de les accrocher plus facilement.

FSP : Pour vous, c’est donc une expérience plutôt bénéfique ?

C.A. :  Oui, absolument.

FSP : Je crois que c’est la 3e année pour le projet TEKNIK à Fernand Léger. Si on vous demandait de renouveler l’expérience, vous-même seriez partante ?

C.A. :  Tout à fait.

FSP : Vous m’avez expliqué le bénéfice que le projet apportait aux élèves, que vous les sentiez plus motivés grâce aux résultats concrets qu’ils en retiraient. Et pour vous, que change-t-il ?

C.A. :  Déjà, le fait de les voir dans un autre cadre. Je les vois en cours de technologie et pas d’anglais, c’est pour moi une autre relation aux élèves. Ils ne posent pas le même regard sur nous et, de notre côté, on n’a pas non plus le même regard sur eux. Parce que certains d’entre eux peuvent éprouver des difficultés en anglais et pas du tout en technologie, ils s’ouvrent davantage ; il est bon de les voir dans un autre contexte. En ce qui me concerne, cela m’a obligée à orienter finalement mon enseignement sur quelque chose de plus concret. Sur les énergies renouvelables, sur la thématique des métiers. Et, de cette façon, j’ai pu accrocher cette thématique des métiers au projet qu’ils ont réalisé ; donc à leur maquette, en leur demandant de continuer cette projection en tant que patron d’une entreprise qui développerait ce type de projet.
Il y a eu une continuité. Ce qui me permet de faire des choses nouvelles, ce qui est toujours intéressant et agréable pour une enseignante !

Surtout, l’image qu’ils ont d’eux-mêmes est différente, c’est valorisant. Chacun trouve sa place, c’est vraiment ça.

FSP : Dites-moi, vous les trouvez motivés ? Est-ce quelque chose qui les captive vraiment ? est-ce qu’ils vont jusqu’au bout ou se découragent-ils devant les premières difficultés ?

 C.A. :  Au contraire, ils vont jusqu’au bout parce que déjà on leur explique qu’ils n’auront que 2 heures pour élaborer leur prototype. Un exemple. Au départ, cela leur semble infini ces 2 heures. Certains ont dit : « Deux heures, c’est très long, on pourrait aller en récréation ? »

Et puis, finalement, on se rend compte que vient l’heure de la récré et pas un seul d’entre eux n’a demandé à sortir !  Parce qu’ils sont totalement dedans, ils savent qu’ils doivent finir dans une heure, alors ils sont plus tournés vers la réflexion. Comme, en outre, il s’agit d’un travail de groupe, personne n’est laissé de côté, chacun apporte ses idées. Il y a une vraie motivation et, au contraire, lorsqu’une difficulté surgit, ils nous demandent de l’aide. A nous, professeurs, ou aux intervenants extérieurs avec lesquels une vraie relation s’est nouée.
Ils s’entraident entre groupes ou alors au sein du même sous-groupe.  On sent une réelle motivation.

FSP : Et pour ce qui est du challenge national ?

C.A. :  Moi, j’ai l’impression qu’ils prennent plus de plaisir à réaliser leur projet qu’à se dire : « Il faut qu’on gagne ! ».
Ils prennent du plaisir à élaborer leur petit projet, à réaliser leur maquette.  Après…….

l'hydrolienne, projet TEKNIK 2017-2018 au collège Fernand Léger

L’hydrolienne est le nom du prototype choisi par le groupe de Soufiane, classe de 3e 6.

FSP : Et quand ils ont achevé leur prototype, ils sont contents d’eux ? En sont-ils fiers ? Que vous disent-ils ?

C.A. :  En général, ils sont fiers. D’autant que l’année dernière, ils avaient passé un oral à partir de ce prototype devant un jury pour le concours national, mais également pour l’obtention du Brevet des collèges.

Le fait d’avoir un objet concret entre les mains, contrairement aux autres 3e, c’est rassurant. En même temps, ils éprouvent une certaine fierté à dire que c’est eux qui l’ont fait !

 

FSP : Quid de la réaction du collège par rapport au projet TEKNIK ? Pensent-ils aussi qu’il s’agit d’un projet intéressant ?

 C.A. :  La direction avait pris part au jury l’an dernier. On avait procédé à une remise des prix et c’est la principale-adjointe qui avait décerné les prix.

FSP : Et qu’en pensent les parents ?

C.A. :  Nous n’avons pas beaucoup de retours de la part des parents. Il est vrai qu’en classe de 3e, nous les rencontrons peu.

FSP : Merci, Mme Auberger. Merci d’avoir répondu à nos questions.

 

Bonne continuation à votre équipe et à vos élèves, surtout pour le projet TEKNIK !

(Soledad Dorian pour FACE Sud Provence)

Pour plus d’informations sur le projet TEKNIK, contactez  Clarisse Tardy : c.tardy@fondationface.org

 

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